Dure réalité

Publié le par Journal d'une maman

Voilà une semaine que j'ai arrêté de travailler.
J'ai été usée, totalement abusée, totalement désillusionnée.
De rang de serviette, je suis passée au rang de torchon le jour où j'ai annoncé que j'étais enceinte.
Sans la gentillesse de mes collègues, je pense que je me serai effondrée bien avant.
Dark Vadorette a eu raison de mes nerfs, a eu raison de ma patience.
A croire que ma grossesse lui a donné l'impression que j'étais devenue une handicapée cérébrale. J'attendais juste de la compréhension. Attendre de la reconnaissance, c'est déjà peine perdue depuis 5 ans.
Pendant un moment, surnommée "la lâcheuse", j'aurais terminé mon parcours par un "elle est calmée l'aut' folle?". Oui, l'aut folle... Totalement ahurie qu'elle puisse se vanter devant mes collègues de m'avoir téléphonée à 22h à mon domicile la veille (!!!) et que j'ai pu oser lui dire qu'à cette heure-ci, j'étais proche du sommeil. Ca l'a amusée, ça l'a fait rire. Moi de répondre que j'étais fatiguée, elle n'a rien trouvé de mieux à dire "Ah bah tu l'as voulu, hein?!"

Quand elle m'a interrogée sur un possible congé parental à l'issue de ma maternité, elle n'a rien trouvé de mieux à me dire "Bah, tu sais quand même si tu as l'intention de l'élever, non?"
Je suis restée sciée. A croire que les femmes qui n'ont pas les moyens financiers de prendre un congé parental seraient des mères indignes, des mères qui ne s'occupent pas de leur enfant?

Le plus formidable aura été d'embaucher deux personnes pour remplacer ma collègue-amie ainsi que moi. La première, payée bien plus grassement du fait de son âge avancé par rapport à moi (3 ans de plus que moi qui correspondent à 3 ans de congé parental... sans connaissance en bureautique alors que c'est le coeur de notre métier. Elle a un ravissant sourire qui a l'air de tout excuser). Le second âgé de 6 ans de moins que moi mais tout aussi bien payé, si ce n'est... un peu mieux...
Hypothèse 1 : aurais je un salaire de débutant?
Hypothèse 2 : se fout on clairement de ma gueule? (je vous épargne la vulgarité)

Entre la fatigue, le stress, les pleures, les nerfs qui lâchent, cette impression d'être traitée comme un paillasson, la tension qui l'envole, les examens médicaux et les maux de ventre, il a été décidé qu'il était temps que je me recentre sur bébé et moi.
Nerveusement fatiguée, physiquement épuisée.

Quand j'avais voulu prévenir le travail au bout de 2 mois de grossesse à peine (bonne poire que j'étais, c'était pour que mon entreprise prépare bien ma succession), mon médecin-adoré m'avait prévenue : "Attendez un peu, quand une femme annonce qu'elle est enceinte, les rapports changent". Je ne l'ai pas cru. J'ai pu lui dire qu'il avait finalement raison et que j'aurais du l'écouter...




Publié dans Le boulot

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J
Merci Danielle pour ce message.<br /> J'avoue que je suis tombée de mon nuage, j'imaginais que la vie était la même, que l'image que vous véhiculiez était identique, que vous soyez enceinte ou non. Pourtant, la perte de confiance est bien là. Heureusement, je ne généralise pas, j'aime à croire que l'humanisme réside en chacun de nous.<br /> Depuis que bébé est bien présent, j'ai appris à relativiser.<br /> A bientôt
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D
Bonjour, Je viens de lire le texte dans lequel vous vous dites épuisée, inconsidérée par rapport au monde du travail. J'ose espérer et je vous souhaite de tout coeur que le bébé qui va naître vous fera oublier tout ceci. Le bonheur d'une naissance n'a plus à rien à voir et la vie change, se transforme, se métamorphose. Je vous souhaite sincèrement de vivre ce bonheur-là, à fond.
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